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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/154

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Pour oublier… Revivre ! oh revivre un moment
L’innocence perdue et la joie envolée !
À travers les tilleuls, au détour des allées,
S’en revenir tout doucement vers le Passé,
Dont les jardins vieillots ont conservé tracés,
Parmi le fol élan des jasmins et des menthes,
Le caprice enfantin de nos courses démentes !
Se plonger dans la peur du mystère ambiant,
Qui dégoutte le soir du feuillage ondoyant.
Oh ! ce rêve ! être ainsi qu’un Josué de l’ombre !
Pouvoir éterniser chaque minute sombre ;
Au bord du ciel pâli des souvenirs, pouvoir,
Afin de la revivre ou de mieux la revoir,
Fixer sa vie errante aux confins de l’espace,
Et s’immobiliser dans l’image qui passe !
Oh ! s’endormir encore aux chants de nos pommiers,
Et subir l’attirance intime des premiers
Murmures d’intuitions métaphysiques !.....



Te sens-tu pas frôlé par de frêles musiques
Qui viennent d’autrefois, qui nous ont câliné
Jadis, alors que l’on était à peine né,
Et qui, tendres, voudraient nous chatouiller encore !
Je vois planer dans la clarté qui s’édulcore,