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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/194

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Le passé que refait l’actuel devenir,
Et chacun des instants d’une pure durée ;
Parce que ta jeunesse obtuse et figurée
A fait mentir ton type, a méconnu ta loi
Et cette humanité que tu portes en toi ;
— Tu dédaignas tourner tes yeux imperturbables
Vers les dilections des hommes tes semblables,
Centaures comme toi, jadis, et transmués
Depuis, en êtres conscients perpétués.
Méchant, tu t’es cru bon ; captif, tu t’es cru libre ;
La divine douleur n’a pas ému la fibre
De ton être étouffé sous tes langes de chair ;
Et malgré tes regards affamés et ton flair,
Tu n’as point vu les fruits, à la branche féconde
Qu’aucun homme ne coupe et qu’aucun vent n’émonde,
Pendre jusqu’à tes bras leurs velours radieux,
Pour te laisser cueillir la science des dieux.
 


« Mais le jour décisif a lui dont tu disposes ;
Laisse-toi dévaler vers les métamorphoses.
Et rejette les mœurs velues de ta forêt.
Car dans ma prescience, ô Centaure, il me plaît
Que tu brises les nœuds de ta vieille enveloppe,
Et que tu quittes l’ombre où les faunes galopent.