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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/204

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Ainsi songeait tout haut sur la route inclinée
Ikanor radieux au soir de sa journée.


.... Il avance en la nuit, buveuse des couchants ;
Les arbres enlacés tressaillent dans leurs chants,
Et les ombres au loin s’éveillent une à une
Sous la baguette aiguë et froide de la lune.
Les portes de la Mort ont grincé sur leurs gonds ;
Le vieillard a perçu leur tremblement profond
Aux invisibles pas sur la pierre, de l’Être
Qui s’écoute venir et qui tarde à paraître.
… Et voici que soudain, comme un désir confus
De tout ce qui survit au seuil de ce qui fut,
Germe au cœur du vieillard, telle une fleur dans l’ombre.
Le Passé nonchalant heurte de son front sombre
La vitre, spéculaire et lisse, où se distrait
Le regard qu’obscurcit les pleurs de son regret.
La Nature l’appelle et la riante Flore
Lui tend au bout des bras sa robe de Centaure.
Ira-t-il se baigner dans les mers d’autrefois,
Et cacher ses amours aux pentes des vieux bois ?
Non, sa dépouille gît sous l’herbe des clairières,