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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/226

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Comme monte ta grâce en mon cœur radieux.
Tandis que le sommeil m’incline vers son ombre,
Garde-moi de Vénus et des Puissances sombres
Qui cachent dans la Nuit leurs lubriques plaisirs :
J’entendrai s’accoupler leurs rondes sans pâlir,
À travers la clameur des appels hypocrites,
Et ne tournerai pas la tête vers leur fuite.


Car, perdu dans les bois scélérats, à jamais
Je veux bander mon arc sur mes instincts mauvais.
J’éteindrai dans le sang la flamme de mon glaive.
Vengeur, je surprendrai les monstres dans leur rêve
Et leur ferai vomir leur âme entre mes mains,
Dieu des forêts, je veux délivrer les humains
Des coupables dragons que nos haines engraissent.
Je veux peser du poids de toute ma jeunesse
Sur la tête de l’hydre et le corps du serpent.
Je casserai les reins aux scytales rampants,
Après avoir vêtu l’innocence d’Hercule.
Du Couchant au Levant, de l’Aube au Crépuscule
Je veux chasser le Mal des halliers de l’Esprit ;
Clarifier les bois, emmuseler la Nuit,
Et pour que le Soleil en nous seuls se reflète,
Je veux tuer, je veux tuer toutes les bêtes.