Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans la nuit du passé vers la forêt lointaine.
L’anneau d’airain qui mord ton doigt, étrangle et gaîne
L’orbe de notre ciel d’un nimbe de douleur,
Et ton baiser salit, acide et corrupteur,
Notre enfance attardée à la porte des Songes.


Amour, je détruirai ta flamme qui s’allonge
Au-dessus des trépieds, bleue avec un fil d’or.
Amour, j’écraserai l’étincelle qui mord
Le flambeau nuptial et la torche novice ;
Je bannirai du cœur ta lumière factice,
Amour, et submergeant tes fièvres sous ma paix,
Je garderai le Monde en moi, car je te hais.

La nuit est venue. Les premières étoiles s’allument dans le ciel.

Mais un regard d’argent pleure sur mes paroles,
Et ma gerbe de lys s’effeuille au vent d’Éole.
Là-bas, faisant surgir du flot corinthien
Ton croissant délié, lentement tu deviens,
Ô très chaste Phébé, plus claire en ton aurore.
Tu grandis au-dessus de la vague sonore,
D’heure en heure, et ton vol s’élargit dans les cieux,