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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/36

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Encore que l’école dite du Parnasse se soit bien plutôt efforcée d’améliorer la forme du vers romantique, de perfectionner l’instrument de la poésie, que de lui faire rendre de nouveaux sons[1], ses partisans demeurent, eux aussi, des métaphysiciens sans le savoir et des disciples du positivisme.

Or ce serait une erreur de croire que les positivistes, malgré leurs dédains pour toute doctrine transcendante et leurs préférences pour la méthode expérimentale, aient pu se passer de métaphysique. Ceux-ci auront beau s’en défendre, ils n’empêcheront pas leur essai de synthèse et d’explication universelle, auxquelles ils tendent dans la mesure où le permet l’état des sciences particulières, d’être comme le boulevard d’une philosophie première. D’autre part, que les doctrines positivistes aient servi de parangon aux naturalistes en général, aux parnassiens en particulier, les œuvres littéraires ou artistiques des uns et des autres le prouvent abondamment. Elles attes-

  1. Henri de Régnier, dans une conférence qu’il fit le 6 février 1900 à la Société des conférences, a fort bien caractérisé l’originalité des parnassiens. « Ce fut surtout — nous dit-il — contre une manière lâchée, négligente et incorrecte de faire les vers que réagit sagement et utilement le Parnasse… Le Parnassisme fut bien plutôt l’arrivée dans le Romantisme, encore vivace ou déjà finissant, de poètes nouveaux et de tempéraments neufs. Le Romantisme, pour ainsi dire, fît escale au Parnasse. C’est toujours le même vaisseau qui continue sa route, avec, à son bord, de nouveaux matelots. Ce sont les mêmes voiles. La manœuvre seule a changé. »