Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/37

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tent surtout, par leurs vues prises sur les rapports de l’homme et du monde, l’impossibilité de faire de l’art pour l’art sans s’adosser à une métaphysique quelle qu’elle soit ; et se placer en face de la nature en spectateur impartial, noter ses pulsations et son rythme de durée avec le chronomètre enregistreur de notre esprit, brosser des tableaux d’histoire, décrire avec minutie les inventions scientifiques, copier les scènes banales d’une vie quotidienne, suppose résolu par le fait le grave problème de l’imitation de la nature, qui lui-même emprunte à la cosmologie rationnelle et à la théorie criticiste de la connaissance du monde extérieur ses plus immédiates données.

On aurait mauvaise grâce d’en vouloir aux parnassiens et de les accuser d’avoir hâté la décrépitude de la poésie au lieu d’apporter des remèdes régénérateurs. On n’est jamais bon juge de sa propre doctrine ; il appartient aux descendants de la transformer et d’en marquer les points faibles. Aussi bien, tout en s’acquittant du respect que l’on doit aux ancêtres et sans croire que les symbolistes demeurent invulnérables, il n’est pas défendu, je pense, de marquer l’apport des prétendus jeunes dans la littérature contemporaine et les acquisitions, vraiment neuves, dont se sont enrichis les poètes de notre génération. Les parnassiens, que ce soit entendu, vinrent à leur heure ;