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Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t1.djvu/306

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Écoutez, quand le crépuscule
Jette au silence son manteau,
Vagir le petit lamento
Les soirs brûlants de canicule !

C’est sous l’onde, humide tombeau
Où trempe déjà sa corbeille,
Le poupon mordu par l’abeille
Qui clame à sa mère : bobo !

Ou le son à figer les moelles
Qui traverse le monde obscur
Quand les anges, ivres d’azur,
Se blessent de l’aile aux étoiles ;

Ou bien le noël inouï
De l’amour s’il berçait la haine ;
Imaginez, dans la Géhenne,
Ceci : le damné disant : Oui !…

Ah ! ce chant du crapaud dans l’herbe
Aux derniers reflets du couchant,
Qu’il est douloureux et touchant !
Humanité, qu’il est superbe !
Aux réalistes importun,
Il émeut mon cœur romantique
Autant et plus que le Cantique
Des cantiques, — et c’en est un,

C’en est un dont voici le mythe :
Vêtu d’horreur, un Salomon
Y célèbre, dans le limon,
La crapaude, sa Sulamite.

Oyez ce que dit ce soupir :
« Viens, mon épouse et mon aimée,
La clarté s’est enfin calmée,
Et le méchant va s’assoupir.

« Jouissons de l’instant de trêve
Où, ses petits étant couchés,
Nos tristes yeux effarouchés
Peuvent luire sans qu’on les crève.

« Je les tenais clos dans mon trou
Au soleil puisqu’il te dérobe