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ÂME BLANCHE

— Que vous avez été longtemps, Lina ! s’écriait ma tante Josine, debout, nu-tête, sur le seuil du logis, du plus loin qu’elle nous aperçut.

Et je vis, à sa mine troublée, à sa coiffure moins symétrique que d’habitude, à toute son allure si différente de ce qu’était ordinairement la sienne, que Mlle Veydt avait dû redouter des conséquences bien graves de mon entrevue avec sa belle-sœur. Elle ne m’en demanda point de nouvelles et je me gardai, moi-même, de lui en donner.

— J’irai désormais, chaque quinzaine, le jeudi, voir maman, déclarais-je, d’une voix nette, tandis qu’elle m’aidait à ôter mon paletot.

Elle ne répliqua point, eut l’air, même, de n’avoir pas entendu, mais tressaillit quand elle me vit courir au jardin avec le trop apparent désir de m’éloigner d’elle, de chercher la solitude.

Et, en vérité, la maison de la rue Marcq m’était devenue odieuse du moment où j’avais pu constater que la si douce folie de ma mère ne semblait pas de celles pour qui un internement très sévère ni des soins spéciaux sont indispensables. J’étais trop jeune pour bien me rendre compte de ce que la régularité du traitement dans une maison de santé pouvait avoir de bienfaisant pour l’aliéné, même le plus inoffensif, et ma logique étroite d’enfant m’’assurait seulement dans l’idée que les Veydt avaient agi avec parti-pris, malveillance et dureté en déci-