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ÂME BLANCHE

nommé tuteur de ce garçon. Ma tante Josine voulut bien m’expliquer qu’il allait demeurer rue Marcq quelques jours seulement, en attendant qu’on lui choisît un pensionnat pour y continuer ses études.


Jacques Holstein arriva vers les quatre heures, au moment du goûter : le bruit d’une voiture qui s’arrêtait devant notre porte ; un coup de sonnette ; la voix du docteur ordonnant à Wantje d’aider le cocher à monter le bagage du jeune voyageur à l’appartement qui lui était destiné ; celle de Mme Veydt recommandant qu’on fît en sorte de ne point égratigner les murs avec les angles de la malle… ; puis, le fils de Staaf Holstein vint nous retrouver à la cuisine.

Ma grand’mère s’occupait à couper, pour le goûter, des tartines de pain rassis extrêmement fines et singulièrement peu beurrées. Elle lui en offrit ; il refusa et refusa, de même, la tasse de café fumant qu’elle lui présentait.

Il avait encore beaucoup grandi, depuis si peu de mois que je ne l’avais vu, et on lui aurait donné quatorze ou quinze ans, bien qu’il en eût à peine douze. Il semblait triste, d’une profonde tristesse, malgré son visage rose et plein, malgré sa bonne grosse bouche enfantine et ses yeux clairs. Il avait ses cheveux châtains coupés en brosse et portait un costume de drap noir, d’une