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ÂME BLANCHE

maison, un pareil jour, avait été très mal prise par Mme Veydt ; cependant, il avait bien fallu faire contre mauvaise fortune bon cœur, et l’on m’avait appelée pour jouer avec lui, moi qui n’assistais jamais aux cérémonies de la St-Sylvestre.

Il se nommait Jacques, avait deux ans de plus que moi et me dépassait de toute la tête. C’était alors un gamin robuste et turbulent, assez mal élevé, qui, d’emblée, s’était déplu parmi les Veydt et ne s’était pas gêné pour le leur laisser voir. Très maladroit de ses mains, il avait tout de suite renversé son verre plein sur la nappe ; ce qui avait fait jeter les hauts cris à la famille entière…, et, quand le moment des congratulations était venu, n’avait jamais consenti à souhaiter la bonne année à personne, sinon à son père ; ce dont celui-ci se montra confus :

— Oh ! depuis que sa pauvre maman n’est plus là, il a bien changé ! répétait le brave homme ; et moi, concluait-il, je ne saurai jamais élever cet enfant : je suis trop faible.

Le petit, au nom de sa mère, s’était arrêté de manger et, comme il levait les yeux vers moi, je les avais vus gros de larmes.

Maintenant, par une douloureuse fatalité, le père de Jacques était mort, lui aussi, et, selon son dernier désir, c’était M. Veydt qui avait été.