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XIII


Durant la quinzaine que Jacques Holstein passa chez nous, ma vie se trouva bien transformée. J’étais à l’âge où l’on subit facilement les influences étrangères et il en eut une décisive sur moi. Il n’était ni un mystique, ni un rêveur, lui, mais un simple et franc petit garçon qui, immédiatement, se prit à m’aimer de tout son cœur. Il avait l’indépendance de caractère, le sens droit, l’âme fraîche des êtres sains, élevés librement en pleine nature. Une espèce d’instinct suppléait chez lui à l’observation et à l’expérience. Il peignait les personnes d’un mot, et il les avait jugées d’un coup d’œil. Son instruction était assez négligée et, au point de vue de la science, il était fort arriéré pour son âge ; ses parents s’étaient préoccupés surtout de lui donner une éducation virile et hygiénique ; il avait gagné à ce système une santé de fer et une singulière aptitude à tous les exercices violents. Mme Veydt qui, d’emblée, témoigna à Jacques une profonde antipathie, l’appelait : « le Sauvage », et il y avait certainement en lui de la bravoure, de la spontanéité, de la candeur et, aussi, de la finesse des peuples enfants ; cela