Page:Wiele - Ame blanche.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
ÂME BLANCHE

promenades quotidiennes, de la rue Marcq à la rue du Marais et vice-versa. Le docteur ne se hâtait point de choisir un collège à son nouveau pupille et la vie de celui-ci était si insupportable chez les Veydt qu’il me disait parfois :

— Le croiriez-vous, Lina, sans ces quelques minutes que nous passons ensemble chaque jour, je souhaiterais presque d’entrer au plus vite en pension, malgré mon horreur pour ces sortes d’établissements ?

À la maison, il demeurait froid, maussade, hostile, prêt à la révolte au moindre mot, et ma grand’mère composait avec lui pour éviter les scènes.

Cette antipathie décidée qu’il manifestait aux Veydt mettait une petite gène entre nous. Il se défendait de me montrer trop ouvertement ses dispositions à leur égard et elles éclataient malgré lui dans tous ses actes, dans ses moindres paroles :

— Oh ! quand je serai grand, quand je serai grand je saurai bien vous faire sortir d’ici, Lina, répétait-il, et nous irons demeurer ensemble, dans mon pays, à Nederbraekelen ; j’y achèterai une ferme avec beaucoup de bestiaux, beaucoup de champs, de prés, de bois, et nous y vivrons heureux.

C’était son idéal, son rêve d’avenir et, si son père avait vécu, je crois qu’on lui eût permis de le réaliser. Même, après la mort de ce dernier, le