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ÂME BLANCHE

subrogé tuteur de Jacques, un oncle maternel qu’il aimait beaucoup, n’eût pas été éloigné d’en faire tout simplement un agriculteur puisque telle semblait être sa vocation ; mais le conseil de famille, entraîné par M. Veydt, s’était élevé tout entier contre cette prétention. On avait donc vendu le domaine de Staaf Holstein, sous prétexte que continuer cette exploitation agricole dont le maître avait disparu était impossible ; et le subrogé tuteur avait eu beau faire remarquer le désavantage de cette vente brusque d’établissements en plein rapport, le docteur y avait tenu la main et l’on avait réalisé toutes les propriétés. C’était le plus sérieux grief que son pupille articulât contre lui :

— L’argent, l’argent, je m’en moque ! s’exclamait Jacques, parfois. Qu’il gère mon argent à sa guise, ce n’est pas moi qui lui chercherai jamais chicane pour cela…, mais, m’enlever à mon cher pays pour me mettre en pension !…

À ce mot « d’argent », je rougissais, malgré moi, blessée à l’idée que la fortune de Jacques était à la disposition de mon grand-père et de ce que celui-ci eût tant insisté pour liquider cet héritage, alors que lui-même devait avoir, durant des années, la haute main sur un capital si considérable. Je me rappelais qu’il en avait été à peu près de même pour notre fortune, à ma mère et à moi, et, d’une parole de M. Lorentz disant un jour, à propos d’un petit lopin de