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ÂME BLANCHE

d’une lueur fugitive grâce à quoi il m’apparaissait moins divin que je ne m’étais habituée à le croire :

— Toute sa supériorité, c’est d’être pourvu d’abondants cheveux, d’un blanc admirable, et d’une barbe de patriarche, déclara Jacques, un jour.

Et, comme j’essayais de me figurer la tête de mon grand-père privée de sa chevelure et, ce que deviendrait son visage sans la barbe neigeuse dont il était orné, j’eus un mouvement de recul devant le peu que cette double amputation pourrait laisser de sa beauté vénérable.


Quand Jacques nous eut quittés pour le pensionnat auquel on s’était enfin arrêté, la maison me parut désespérément vide. L’hiver s’achevait en dégels boueux, en pluies lentes et glaciales. J’allais à mon couvent sans entrain, j’en revenais sans joie et je souffrais de l’absence de ce garçon, avec qui j’étais liée depuis deux semaines seulement, comme de celle d’un ami, d’un frère que j’eusse toujours connu, avec qui j’eusse été élevée.

Son pensionnat était situé dans le haut de la ville, vers le Bois de la Cambre. C’était une de ces institutions qui se chargent de conduire les jeunes gens aux écoles officielles choisies par leur famille : Jacques Holstein, comme beaucoup d’autres pensionnaires, suivait les cours de