Page:Wiele - Ame blanche.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
ÂME BLANCHE

agitait mes membres sans que je susse bien si c’était l’effroi ou la tentation de céder qui me faisait trembler ainsi. Mais, le pouvais-je ?… Et ma mère…, la pauvre innocente qui commençait à me connaître si bien, à aimer ma présence… pouvais-je l’abandonner ?

Mon hésitation fut de courte durée : comme Jacques insistait, je dis, revenue à la raison :

— Tout ce que je puis faire, c’est ce vous accompagner un bout de chemin.

Il me serra contre son cœur, d’un mouvement, ravi, et, prenant notre élan, nous nous mîmes à courir de toutes nos forces pour regagner le temps perdu durant notre discussion.

Au bord de l’eau, nous nous arrêtâmes un instant, irrésolus quant au chemin à prendre : était-ce du côté des quais ou de l’Allée-Verte que Jacques découvrirait le bateau à bord duquel il désirait monter ? Les beaux arbres de la Promenade nous attiraient…, et, bientôt, nous nous glissions sous leur ombrage. On était à la fin de mai ; les tilleuls commençaient à fleurir et toute l’allée était parfumée d’une délicate odeur de thé. Parfois, une petite grappe jaune tendre tombait de haut, à nos pieds, et mon camarade me disait :

— Ramassez-la, Line. Au moment de nous séparer, vous me donnerez ces fleurs de tilleul et je les mettrai dans ma poche. On ne sait pas ce qui peut arriver quand on entreprend un voyage au long cours.