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ÂME BLANCHE

dirigeaient vers Vilvorde. Ces derniers nous intéressaient exclusivement. Dès que nous en apercevions un arrivant lentement, nous nous postions debout sur la berge et nous attendions qu’il fût tout près pour décider si nous le choisirions. Plusieurs passèrent ainsi sans nous tenter : ils étaient, à notre avis, ou trop petits ou trop grands…, ou bien c’étaient les bateliers qui ne nous séduisaient guère. Enfin, nous en vîmes venir un, plus rapide et moins épais que les autres, avec un petit drapeau tricolore flottant au haut de sa vergue d’artimon. Il était chargé de foin, et une femme coiffée d’un bonnet de dentelles se tenait au gouvernail ; un homme barbu, en vareuse de laine écarlate, fumait sa pipe à l’arrière. Et quand ce bateau se fut approché, je pus lire son nom écrit en grandes lettres blanches à l’avant : Reyn bloem [1].

Reyn bloem ; vous avez lu Reyn bloem ? s’écria Jacques.

Et il ajouta, ayant à son tour, parfaitement déchiffré le nom du chaland :

Reyn bloem ; c’est le bateau de Flup !

Une grande agitation s’était emparée de mon ami, et il allait et venait nerveusement sous les tilleuls. Enfin, il lança en l’air et rattrapa au vol sa casquette, ce qui, chez lui, était l’indice de la joie la plus vive, puis il me dit :

  1. Reyn bloem : Fleur pure.