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ÂME BLANCHE

— Monsieur Jacques, interrogea-t-il, je vous croyais en pension et à la garde d’un tuteur ?

— Oui, oui, mon brave, certainement, fit l’émule de Robinson en se grattant l’oreille ; mais voici : j’ai quitté pour toujours la pension, je ne veux plus entendre parler de mon tuteur et je prétends voyager, voir du pays.

— Hélas ! nous n’allons pas au delà de la Lys et de Tronchiennes ! se lamentait déjà la naïve Stanceke.

Cependant, Flup ne disait mot et ses sourcils en épis de seigle se fronçaient sous son front tanné, recuit, où s’amoncelaient les nuages. Il prit sa femme à part et je vis bien qu’il lui faisait observer l’impossibilité d’embarquer ainsi un enfant mineur sans l’assentiment de sa famille. Le résultat de ce conciliabule fut que Stanceke marqua de l’humeur à son époux, tandis que ce dernier, inébranlable, proposait à Jacques une visite au docteur Veydt afin d’obtenir son consentement à une petite excursion de ce jeune homme sur la Reyn bloem, suivie d’un séjour à Tronchiennes, dans la ferme de Flup, que leurs enfants gouvernaient seuls à l’heure actuelle.

Jacques faisait la moue ; il prit sa nourrice à témoin de ce qu’une telle démarche serait vexatoire et inutile ; mais, comme Flup ne cédait point, il fallut bien en passer par où il voulait. Et nous gagnâmes tous le bateau, où le patron de la Reyn bloem, descendu dans sa cabine, allait faire un bout de toilette.