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ÂME BLANCHE

Ce bateau… oh ! ce bateau, qu’il était joli, propre, ingénieusement aménagé ! je parle, naturellement, de l’intérieur, de ce qui était sous le pont, car, pour celui-ci, on n’y voyait, à la vérité, que du foin, rien que du foin…, une couche embaumée, haute de plus de deux mètres.

Un petit escalier raide, que nous descendons… Et voici la chambre à coucher de Stanceke et de Flup ; voici la cuisine où un poêle est allumé sur lequel diverses casseroles chauffent, exhalant des odeurs fortes de nourritures. Des meubles minuscules, que je trouve ravissants, sont rangés en un ordre parfait dans ces deux pièces dont les écoutilles sont ouvertes ; sur le châssis d’un hublot, dans la cuisine, à côté d’un pot de géranium rouge somptueusement fleuri, un gros chat tigré dort en toute quiétude. Le délicieux intérieur…, et comme je voudrais y pouvoir demeurer !

Ce fut toujours mon rêve, de vivre sur l’eau, justement en une embarcation comme celle-ci, qui eût marché sans grande vitesse, au gré du courant et, depuis un jour où Véronique m’avait menée en promenade à l’Allée Verte, du côté du canal, il me semblait qu’il n’y eut aucun bonheur comparable à celui des bateliers. L’eau noire et lisse était sillonnée de bateaux sur lesquels des hommes en tricot rouge, des femmes en camisole lilas se tenaient debout, immobiles,