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ÂME BLANCHE

Et la vieille dame mourut, fidèle au culte de toute sa longue vie, exclusivement attachée à la piété, à la vénération du dieu dont la chute venait de la tuer.

Mlle Josine, dans la constance de la même foi déçue, eut une énergie plus endurante, plus active : quelle que fût l’immensité de son désespoir, le désarroi de son âme, désormais semblable à un autel en ruines, à un temple désaffecté, elle ne mourut point : elle ne voulait pas mourir. Un devoir lui restait à accomplir auquel elle allait se vouer tout entière, et elle fut sublime d’ardeur, de persévérance, de ténacité dans cette tâche au but, hélas ! inaccessible et chimérique.

Elle, sa sœur, la religieuse augustine, et moi-même par l’intervention de M. Lorentz, mon subrogé tuteur, gagné à cette cause sainte, nous abandonnâmes tout ce qui pouvait encore subsister de l’héritage de Mme Édouard Veydt, aux créanciers du docteur. Ils étaient innombrables, mais le premier coup d’autorité de la saisie mobilière et immobilière exécuté, ne se montrèrent ni intraitables ni, même, bien exigeants.

— Nous ne voulions pousser personne aux extrémités, avait coutume de dire M. Feuaubois, un riche financier, leur représentant, curateur à la faillite, en faisant allusion à la mort tragique de mon grand-père, dont il éprouvait une contrariété vive.