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ÂME BLANCHE

Et il avait fait nommer officiellement Mlle Josine Veydt, gardienne des scellés, avec la rémunération de deux francs par jour que comporte cette fonction temporaire. Nous en vivions toutes trois : ma tante, Wantje — qui n’avait pas voulu nous quitter — et moi-même, qui ne voulais pas quitter ma tante.

Son héroïsme mâle et fort avait développé en mon cœur une espèce de sentiment qui n’était pas précisément de la tendresse, mais, plutôt de l’admiration pour une vertu si haute. La liquidation devant durer fort longtemps, car les affaires du docteur étaient prodigieusement embrouillées, l’existence reprit, chez nous, à peu près comme elle était avant cette série de catastrophes ; notre quartier-général était dans la cuisine et dans tout le sous-sol, laissés libres de scel judiciaire ainsi que nos chambres à coucher, et nous n’avions qu’un souçi : dépenser le moins d’argent possible afin de ne point augmenter les charges de la succession.

— Line, me disait parfois ma tante, la vie est bien sévère ici pour une petite fille de votre âge, pourquoi n’iriez-vous pas retrouver M. et Mme Lorentz à Anvers, ou, votre ami Jacques, auprès des Flup ? De l’un comme de l’autre côté, vous seriez bien accueillie, et ce serait un moyen d’échapper aux tristesses présentes de cette maison, à celles, pires, qui l’attendent pour bientôt.