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ÂME BLANCHE

celle d’une femme, c’était la chose du monde la plus difficile à découvrir ; partout, on nous montrait ou des robes de bébé ou des robes de douairière, et ma tante, qui avait du goût, ne prétendait s’accommoder ni des unes ni des autres. Enfin, un pour compte exécuté sur mesure et sur commande pour une jeune personne exotique puis, refusé par sa maman sous un prétexte, fit notre affaire. C’était, d’abord, je m’en souviens, un « complet » de cheviotte grise, fort simple, mais bien coupé, et une toilette plus élégante, pour les galas, en voile de soie bleu de ciel, décolletée sur une guimpe de fine mousseline plissée. Un grand manteau gris, pour les jours frais et les pluies de l’automne à son début, complétait ma garde-robe, dont il se trouva que les diverses pièces m’allaient à ravir. Mme Lorentz battait des mains, disant à chaque nouvel essayage :

— Rien à retoucher à ce vêtement. C’est miraculeux ; on jurerait qu’il a été taillé exprès pour ma nièce !

Elle exigea que je gardasse sur moi le complet de cheviotte, se fit envoyer le reste par express, paya la facture à la caisse du magasin et m’entraîna chez sa modiste, où une vaste capote de soie plissée, couleur de lin mûr, remplaçait bientôt, sur mes cheveux blonds, mon vieux petit chapeau d’écolière ; d’autres coiffures allaient encore être commandées là à mon