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ÂME BLANCHE

m’aime pour défendre ainsi jusqu’à ma forme physique, jusqu’à mon visage et mes traits ! »

Hélas ! comme si les sentiments qu’elle m’avait témoignés jusqu’alors eussent été basés sur ce qu’elle attendait du sentiment des autres à mon égard, elle parut m’aimer moins à compter de ce moment-là. Elle négligea, d’abord, mes leçons de musique sous le prétexte qu’elles la fatiguaient et finit par décider que j’aurais, pour cette branche d’éducation, comme pour les autres, un professeur spécialiste.

Peu à peu, ma présence continuelle ne lui fut plus indispensable : la « saison « battait son plein et les salons, après les théâtres, s’étaient tous rouverts. Ma tante, qui avait sa loge à la Monnaie, aux concerts du Conservatoire et aux Populaires, lesquels réalisent ce qu’il y a de moins populaire au monde, ma tante se rendait. à Bruxelles deux et, souvent, trois fois par semaine. Il lui arriva de me prendre avec elle un soir qu’on jouait Joli Gilles et le Châlet, des pièces qu’une fillette peut voir sans danger. J’y pris un plaisir extrême et mon oncle, qui nous accompagnait, éprouva une si évidente jouissance de mon enthousiasme que j’en fus émue de reconnaissance.

— Line, tenez-vous bien ; n’oubliez pas que vous êtes ici très en vue, observait à chaque instant Mme Lorentz, inquiète de la sincérité peut-être incongrue de mon ravissement.