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ÂME BLANCHE

Elle resta jusqu’à la fin du spectacle extrêmement irritable, et cette partie à trois ne fut pas renouvelée de tout l’hiver. Mille soucis mondains absorbaient ma tante, ce qui l’amenait à me négliger de plus en plus. J’en vins à passer la plus grande partie de mon temps seule dans la pièce qui m’était réservée, à côté de ma chambre, et qu’on avait disposée pour que j’y pusse travailler, lire, faire de la musique, voire prendre mes repas, quand les maîtres de la maison dînaient dehors ou donnaient, eux-mêmes, de grands dîners où la présence d’une jeune personne de quinze ans n’eût pas été convenable.

C’était, dans un cadre nouveau et combien différent ! ma vie solitaire d’autrefois qui recommençait…, mais avec une conscience bien plus cruelle de ce qu’un tel sort offrait d’anormal et de désolant, à mon âge.

« Oh ! songeais-je parfois, comme le temps me dure, et quel bonheur j’aurais si le rêve de Jacques se réalisait enfin et si, réunis, là-bas, à la campagne, nous pouvions avoir, comme tous les autres enfants, comme tout le monde, fût-ce les plus humbles des humbles, un logis si étroit, si modeste fût-il, qui pût nous tenir lieu de chez-soi ! »

J’associai mon ami à tous mes projets d’avenir comme lui-même faisait pour moi, Nous trouvions cela simple, naturel, indiqué, sans cepen-