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ÂME BLANCHE

Je n’ai jamais voulu regarder le groupe photographique où je posai pour une morte. Les parents de celle-ci affirment que la petite fille représentée là ressemble à Henriette plus encore qu’à moi-même. Et, si paradoxale qu’elle puisse paraître, leur assertion n’a rien qui m’étonne. Cela doit être vrai.

Pendant longtemps, je vécus dans le regret inconsolable de n’être pas Henriette, d’exister si loin du séjour de paix et de lumière, pressenti, comme par miracle, tandis que je posai pour elle et où j’aurais juré avoir vu des archanges m’appelant, tendant vers moi des bras ailés, alors qu’un objectif était braqué sur ma forme matérielle et que sonnaient les cloches de Sainte-Gudule, en ce jour d’avril, si suavement lumineux.