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Amy fit une lecture à Charles, jusqu’à ce qu’on l’appelât pour le thé. À son arrivée on parlait de Philippe, dont Walter ne paraissait pas bien connaître l’histoire. Philippe était fils de l’archidiacre Morville, frère de madame Edmonstone, homme d’un mérite supérieur, qui était mort depuis cinq ans. Il avait laissé trois enfants, Marguerite et Fanny, âgées de vingt-cinq et vingt-trois ans ; et Philippe, qui en avait alors dix-sept. Ce jeune garçon était le meilleur élève de son collège, et très distingué par sa bonne conduite et ses talents ; il avait remporté tous les prix, et pouvait espérer les plus grands succès à l’Université. Il ne vit pas mourir son père, dont la maladie fut trop courte pour qu’on eût le temps de faire venir Philippe à Stylehurst. L’archidiacre laissa une très petite fortune à partager entre ses enfants ; et, dès que Philippe vit combien la portion de ses sœurs serait minime, s’il continuait ses études si coûteuses, il renonça aux honneurs de l’Université et obtint une commission dans l’armée.

— Quelle noble conduite ! s’écria Walter. Et cependant quel dommage ! car si mon grand-père l’avait su…

— Ah ! j’en suis persuadé, interrompit M. Edmonstone, et je suis sûr que Philippe pensait de même ; mais, sachant que nous ne donnerions jamais notre consentement, il agit de son chef, écrivit à lord Thorndale, et ne dit pas un mot de la chose, même à ses sœurs, avant que ce fût une affaire terminée.