Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/111

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main encore lisse et un léger accent, d’une dureté celtique, agréable à l’oreille. L’entretien lui parut bientôt charmant ; il répondait au verbe haut d’Olive par un chuchotement qui allait s’assourdissant. Mais il en vint — pour son malheur — à parler des vicissitudes de l’existence et des épreuves d’Olive :

— Il m’est doux de penser, disait-il, que bientôt, dans un appartement tiède de ce Kerpol tout tapissé d’un géranium-lierre dont le rose se fond divinement dans ce gris nuancé du granit, vous vous reposerez enfin d’un métier qui offense toutes les hauteurs de votre incomparable aristocratie. Vous ne connaîtrez plus les affreuses chambres d’auberge, les départs précipités dans le petit matin, les intempéries hostiles à vos délicatesses, violences du vent, rages de la pluie, brûlures du soleil. Et ces effroyables courses dans les nuits sans lune, avec les pièges des ténèbres, les traquenards du brouillard répandu sur les bois. Cette sorte de désordre d’une vie sans habitudes, le dérèglement qui vous tire pour les besoins d’un vil commerce aux quatre points cardinaux feront place à une ordonnance digne de vous. On ne vous verra plus franchir le seuil odieux de ces boutiques où chaque ville vous réservait l’injure d’une déchéance. Je veux vous