Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

riches qu’elle taxait — percepteur de Dieu près de qui ceux de la République semblaient discrets. On parlait d’elle dans les salons. Ces messieurs de la conférence Saint-Vincent de Paul, dont le président était le bon M. Février, ne niaient pas qu’elle eût guéri miraculeusement des malades. Des journalistes l’avaient interviewée. Son portrait avait paru dans le Matin. Souvent, en son couvent où elle vivait avec cinq religieuses anodines, des visites venaient contrarier sa passion, retarder ses rendez-vous avec les cancers, les lupus, avec les tuberculoses du quartier. Elle était alors sur les charbons, recevait les gens comme une femme du monde qui sait qu’un homme, pendant ce temps, se meurt de l’attendre. Mais, pour sœur Rosalie, ils étaient vingt, ils étaient trente. Et ceux-là aussi attendaient le passage de l’amour.

Un après-midi, le panier déjà au bras où brinqueballaient sa seringue de Pravaz, ses thermomètres, une verroterie barbare, elle allait franchir le seuil du couvent quand se trouva devant elle une jeune dame en peau de panthère, des souliers beiges constellés de perles, la bouche écarlate, les yeux un peu violets, qui lui parut