Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/120

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une princesse bien jolie. Sa voiture, devant la porte, bouchait toute la rue. Elle s’arrêta, fixa sur la religieuse un regard anxieux, craintif. Une voix suave prononça :

— Vous êtes certainement sœur Rosalie.

On la fit entrer dans le parloir. Elle s’assit parcimonieusement sur la moitié de la chaise de paille, au-dessous du portrait de Sa Sainteté. Sœur Rosalie, nerveuse, coupa sans onction le silence :

— Vous avez désiré me voir, madame ? Je suis assez pressée.

— Pressée d’aller visiter des malheureux ? dit la jeune dame, dont le regard était ravissant. Mais, ma sœur, qui vous dit si ce n’est pas une malheureuse qui vous retient en ce moment ? Un cœur plus malade que les corps près de qui vous courlez ?

Dans le parloir, grâce aux rideaux blancs, elle prenait une beauté angélique. Ses pleurs coulaient avec une infinie distinction, retenus, aurait-on dit, par un fil ainsi que les perles du collier. Sœur Rosalie se sentit en présence d’une personne de la haute société.

— Vous avez peut-être perdu quelqu’un de cher ? demanda-t-elle.

— Justement, dit la jeune dame affligée.