Aller au contenu

Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

M. l’archiprêtre de Bréault, à soixante-six ans, n’avait, de sa vie, contemplé de ses yeux une actrice. Leurs noms frappaient sans cesse ses oreilles de vieux Parisien. Les théâtres hantaient sa vue comme de mauvais lieux, mais il avait souvent regretté de ne pouvoir entendre Polyeucte à la Comédie-Française, ni, à l’Opéra, le Trouvére, dont il adorait l’ouverture. Quand il tournait autour de ces édifices, il essayait de s’en représenter l’intérieur. Puis, il offrait à Dieu le sacrifice de ces belles œuvres classiques, dont il était privé. À vrai dire, les actrices, bataillon satanique, étaient la vraie raison d’une telle prohibition. Sans la femme tentatrice, qui eût empêché les hommes consacrés à Dieu d’aller voir leurs frères représenter de beaux drames sur la scène ? Il se l’était dit maintes fois.

Aujourd’hui, voici que l’une d’elles, et qui dansait, sans doute, dans un costume indécent, comme Hérodiade, s’était insinuée au cœur de sa paroisse, animée des plus pures et des plus rénovatrices intentions. Il pensa que, malgré l’étrangeté du cas, il n’y aurait pas de mal à la voir et qu’il saurait, au contraire, lui dire quelque bonne