Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/133

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— Je n’aurais pas osé, mon cher archiprêtre ; mais puisque vous ne dédaignez pas de descendre jusqu’à elle, j’arrangerai une rencontre.

Ce fut un soir d’avril, aux environs de Pâques, dans la grande salle à manger de la rue d’Assas. Sur la nappe damassée, un surtout d’argent portait du lilas blanc et des pâquerettes ingénues. M. l’abbé de Bréault, à droite de madame Février, faisait vis-à-vis à une jeune femme en noir, à peine poudrée, comme une veuve, qui était mademoiselle Valenzia. Après le benedicite, il y eut le silence du potage ; puis la conversation s’éleva discrète, chuchotante, entre haut et bas, comme il convenait dans une telle maison, la fleur du sixième ! Mademoiselle Valenzia parla tout naturellement de sœur Rosalie. Madame Février dit qu’il était bien regrettable que les religieuses ne pussent assister à un repas. Effectivement, elle manquait ici, et chacun renchérit. Madame Février, la tête droite, soutenue par un haut faux col blanc, comme en 1900, s’appliquait à garder également les distances du rang et les attaches de la plus spontanée sympathie. Malgré les appréhensions de son mari, elle ne s’était pas refusée à ce dîner