Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/139

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C’était une bonne vieille, habitant une maison isolée, dans un village de France.

On la voit assez bien sur cette seule donnée : il s’agit d’un type si généralement répandu dans nos campagnes ! Qui ne l’a connue ?

Voilà cinquante ans, elle fut une fraîche brunette sans timidité et de bon bec, c’est-à-dire de parler net et gai, sachant river son clou à qui le méritait et jeter en riant ces petites flèches françaises de l’esprit qui sortent droit de la race. Elle chantait, de sa jolie voix, à l’harmonium pour le mois de Marie. Elle ne manquait ni messe ni vêpres le dimanche, et son curé savait, par confession, que c’était une bonne fille, pure et droite. Travailleuse aussi, fanant et moissonnant à la saison ; l’hiver, cousant son trousseau sous la lampe à pétrole. Mais la vraie lampe qui éclairait la maison, c’était sa jeunesse.

La jeune fille a aimé. Judicieusement, elle a choisi son compagnon. Elle a joui de son affection, souffert de ses défauts, pleuré de ses rudesses d’homme, souri à sa force. Elle a mis au monde des enfants, connu l’épanouissement maternel, les angoisses des maladies, l’inexprimable douleur à