Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/173

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plus les gages. Aucun hasard à lui abandonner cette main gantée à laquelle il murmure des serments bien vains.

Il faut rendre à Camille cette justice que depuis son veuvage, avec une probité qui ne s’est jamais démentie, elle s’est appliquée à « semer » Prosper, soit dans le monde, soit au théâtre, soit aux courses, soit à la mer. Et si, par dérogation aujourd’hui, elle est venue chez lui, c’est qu’une rumeur sinistre a commencé de rouler en ville, qui dit que Prosper ne passera pas l’été.

Cette maladie de foie qui jaunissait depuis longtemps un visage anguleux, sévère et rêveur, l’on disait communément dans la société que Prosper la devait à la bile que n’avait pas manqué de lui faire sécréter le mariage de son amie d’enfance avec le marquis de la Noë-Amaranthe, union somptueuse de trois ans et demi qui s’était terminée par l’horrible catastrophe d’automobile que tout le monde sait. Camille avait donc lieu de se tenir en même temps pour l’héroïne et la coupable d’une fin aussi prématurée me celle du jeune homme.

Et la voilà aujourd’hui, dans cette non dans les combles, à deux pas du Trocadéro dont, par la fenêtre ouverte, on apercevait les lanternes espagnoles découpées dans l’azur. L’appartement