Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/177

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amusement, on se contente d’accrocher au mur les assiettes et les plats. Elle en rirait si, à côté, deux augures n’étaient pas en train de tirer un horoscope terrifiant. Vingt minutes angoissantes et ils reparaissent, tous deux, le jeune et le vieux intéressés par la florissante Camille qui a les yeux si bien peints. On lui demande si elle est de la famille. Elle rougit en songeant à ce qu’ils pensent…

— Je suis une étrangère, mais une amie d’enfance, de notre toute petite enfance : élevés ensemble à Auteuil, porte à parte.

Le plus vieux lance alors son verdict :

— C’est grave !

Et le jeune, mettant un doigt sur sa bouche.

— La vésicule biliaire…

Et le premier avec un soupir de regret :

— Inopérable !

— Pauvre Prosper ! dit Camille.

Son cas est si désespéré qu’on lui a permis de se lever, d’aller et venir et, — mon Dieu ! à quoi bon les restrictions ! — de boire du vin.

— Chère Camille ! s’écrie là-dessus Prosper. Je vais mieux. Je sors demain. Je vais revivre.

Une idée sublime se forme aussitôt, ainsi que l’explique Vauvenargues, dans le cœur de Camille :

— Cher Prosper, dit cette tendre femme, ivre