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Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/176

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étaient permis, il aurait fallu lui jouer l’étonnement : « Comment ! Comment ! Pas possible ! » afin de ne pas lui avouer un éloignement systématique et voulu. Camille s’attendrit. C’est elle qui reprend de force la main du malade. Elle promet de revenir demain.

Il est aisé de feindre l’amour auprès d’un garçon aussi bien que Prosper. Quel rôle ! Quelle divine mission pour Camille : adoucir les derniers mois du condamné ! Elle va maintenant tous les jours chez lui. Mettre son rouge, sa poudre, est pour elle un sacerdoce. Son miroir lui renvoie l’image d’une héroïne. Une fois là-bas, elle ne contredit pas aux rêves d’avenir du malade. Il dit : « L’année prochaine, année de bonheur ! » tout comme Bresle, le gros banquier ! Et Prosper un poids plume ! Faut-il que tous les hommes se ressemblent !

Aujourd’hui, deux messieurs se présentent dans l’entre-bâillement de la porte. C’est la consultation des spécialistes. Ils entrent. Ils entourent Prosper d’un air affectueux, mais résigné à tout. Sort Camille, qui disparaît pour un temps dans la salle à manger sans buffet, dans laquelle, à son