Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/181

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Camille vendit sa quarante-chevaux. Les médecins décidèrent :

— Il peut très bien se prolonger encore un an.

Camille prenait des taxis, des couturières de second ordre, des femmes de chambre françaises, des relations dans le monde politique. Comme Prosper ne s’éteignait pas et que sa façade à elle diminuait, elle subit quelques blessures d’amour-propre. On ne l’invita pas à la chasse à courre de sa cousine de la Noë.

— La finance, passe encore, aurait dit cette châtelaine.

Camille pleura.

Chaque fois qu’elle traversait à pied, — et d’aventure sous son parapluie — la rue des Belles-Feuilles, elle était sûre de rencontrer l’Hispano du banquier Bresle. Il était enfoncé dans les coussins comme une statue de Michel-Ange. Sa haute figure, en la voyant, respirait la rage ou bien le désespoir.

Enfin, pleine du trouble où sa pauvre petite âme dansait comme un corps léger dans une eau lourde, elle écrivit au vieux médecin de ses parents en province.

C’était un grand paysan de soixante-huit ans, qui l’avait mise au monde. Il arriva un soir en chapeau melon avec un faux col et une cravate à