Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/193

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un. Il aime une femme malade qui, à l’heure qu’il est, se soigne en Suisse et ne guérit toujours pas. La crise de Laffrey dure encore. C’est l’homme qu’il faut amuser, arracher à l’idée fixe, distraire comme un enfant. Mon triomphe, c’est lorsque je puis l’entraîner dans une partie de pèche avec moi sur la Seine, ou bien dans un restaurant de choix, et que seuls en face l’un de l’autre, je retrouve mon Laffrey d’autrefois, la tête droite sur les épaules, étincelant, son esprit de symbole revenu, faisant des gens, comme naguère, des portraits par analogies, par évocations successives. Très fort, Laffrey ! Mais le malheur que je te confie à toi ce soir, mon vieux, tu avoueras que je ne peux pas en écraser cet ami chancelant qui a loué à Saint-Cloud pour être moins éloigné du secours que je lui apporte.

Alice n’a pas de sympathie pour Laffrey. Elle n’hésite pas à me froisser en le traitant de déséquilibré et de neurasthénique. Et, Dieu sait ! Personne n’a le jugement plus corrigé, plus rectifié sur les hommes, sur les événements. Il écrit dans une revue économique des articles aux assises de ciment. Mais Alice décrie aussi ma famille, ma