Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/24

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H… considéra Ginette, hésita un moment à lui confier qu’il ne récusait nullement la gloire, mais que le seul public dont un véritable écrivain l’attende, c’est soi-même ; et qu’en cherchant bien dans le sous-sol de ses intentions l’on trouve qu’on n’a jamais écrit qu’en vue de la couronne finale que le moi vous décerne. Qu’il lui suffisait, en conséquence, aujourd’hui, d’analyser dans une expérience scientifiquement menée les ultimes réalisations vitales de son succès et de savoir s’il respirait encore artificiellement, grâce à la réputation irréductible d’autrefois, ou par ses propres moyens, — que la fausse et absurde paternité de Ginette révélerait. De cette réaction finale naîtrait sa conviction ; et l’intime louange, qui seule satisfait, pourrait peut-être encore monter des profondeurs de lui-même vers lui-même.

Mais il préféra répondre à Ginette :

— Ma chère enfant, à mon âge, on est désabusé. Je préfère voir la jeunesse, que j’aime tant, profiter d’une gloire insipide…

Ginette attendait encore autre chose. Elle ne savait quoi. Rien ne vint. Elle crut bon de baiser alors la main de l’homme illustre qui la confondait.

H… eut un cri de pudeur offensée :

— Oh ! ne me remerciez pas.