Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

certificat d’études et n’ai pas beaucoup de conversation. On ne voudra pas croire…

— Détrompez-vous, mademoiselle Ginette, reprit l’écrivain. L’on se dira simplement qu’il y a un écart admirable entre votre personnalité et le démon qui vous habite.

— C’est, dit Ginette, que je ne voudrais pas trop que l’on dise que je suis habitée par un démon. Cela peut nuire à une jeune fille pour son établissement.

— Si vous voulez m’en croire, mon enfant, le démon dont il s’agit ne vous causera que du bien. Je vous abandonnerai, bien entendu, le ou les profits de cette œuvre. Un traité sera dressé à votre nom, et vous vous engagerez sur papier timbré à fournir à votre éditeur d’autres volumes auxquels je pourvoirai.

Ginette était la fille de la crémière du rez-de-chaussée, qui vendait les meilleurs fromages de toute la rue Pigalle. Cette enfant avait installé sa crépitante industrie au cinquième, dans la chambre Louis XV de ses parents, mais n’était pas étrangère au commerce maternel. Une question sincère et limpide lui vint alors aux lèvres :

— Si ce roman ne doit vous rapporter ni gloire ni argent, alors, monsieur, pourquoi l’avez-vous écrit ?