Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jours à la recherche de son axe et se lançant à la poursuite de son assiette avec la furie des grands express. Ginette se sentait un penchant pour les choses qui ne vont pas toutes seules en amour. La seconde nuit n’était pas venue qu’elle avait reconnu, devant l’état civil de son propre jugement, toutes les affirmations contenues dans ce livre, se demandant comment il se pouvait que le grand écrivain et elle pensassent si pareillement.

Il n’était déjà plus question de confier le secret à sa famille.

Chez l’éditeur, Ginette, reçue par un secrétaire adjoint, n’avait pas été prise au sérieux, malgré l’assurance que lui conférait la propriété de ce qu’elle portait sous le bras. En effet, elle avait beau n’avoir pas écrit ce roman, il lui appartenait par l’expresse volonté de l’auteur, par dotation, par substitution, par analogie, par hypothèse. Elle n’usurpait pas un titre d’auteur, qui lui avait été donné par l’auteur lui-même. De même, un père putatif et de complaisance prend un bel et bon droit légal sur ce qu’il n’a pas engendré. Il n’y avait eu ni vol, ni dol. Ginette pouvait s’abandonner sans scrupule à la satisfaction de passer pour un génie aux yeux de la maison d’édition.