Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/36

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— Peut-être, dit H…, rassuré, votre fiancé exige-t-il que vous renonciez au métier de femme de lettres ?

— Il est bien trop intelligent, dit Ginette. Mais, désormais, j’écrirai mes manuscrits moi-même. Vous m’avez mis la littérature dans le sang. J’ai beaucoup lu, beaucoup causé. J’ai déjà écrit les deux tiers de mon nouveau roman. Il s’appellera Betsy et traitera des mœurs américaines…

L’écrivain l’écoutait se raconter elle-même et y prenait un vif divertissement. Il aimait Ginette parce qu’elle avait été son expérience et la confirmation de son talent. Quand elle partit, il la baisa au front en lui disant :

« Adieu, mon Train Bleu ! »

Ginette pensa en américain :

— Adieu, pauvre vieille chose !

H… regarda les pages noircies qui s’entassaient sur son bureau et songea que, contrairement à ce qu’il avait présumé, il les signerait simplement de son nom.

Et il crut s’apercevoir qu’il en ressentait un secret plaisir. Tel l’homme qui rentre chez lui après-un petit voyage…