Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/35

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que c’était la première fois qu’il se tuait pour une femme.

À son retour d’Amérique, six mois plus tard, Ginette vint lui dire :

— Je vais me marier, j’épouse un jeune homme dans les affaires.

Elle était du temps des colliers de perles, des quarante-chevaux, de la vie-cinéma, des gains rapides et des hâtives cultures. H… la reconnaissait à peine. Elle avait pris un regard d’acier, une pointe d’accent anglais, un air renchéri, s’enveloppait d’écharpes indéfinissables, blaguait la petitesse de la France.

— Mademoiselle Ginette, lui demanda l’écrivain, avez-vous au moins confié à votre fiancé

l’innocente supercherie à laquelle nous nous sommes livrés de concert à propos du Train Bleu ?

— Pensez-vous, mon cher maître ! dit Ginette, avisée.

— Mon enfant, dit H…, c’était pourtant de première nécessité. À celui qui sera votre mari vous ne pouvez laisser croire… Enfin, tôt ou tard il s’apercevra… ce pourrait être un drame, par exemple, quand il découvrira que je vous passe mes manuscrits.

— Mais vous ne me les passerez plus, mon cher maître.