Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/42

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raires pendant que Mandrier téléphonait à l’Institut, à la Présidence du Conseil, à la Faculté, à l’Institut Pasteur, au professeur Housselin, le médecin traitant, Le Goff ouvrit la fenêtre. Le boulevard coulait en bas, car celui qui a été le plus fervent citoyen de Paris s’était fixé là où, il y à quarante ans, battait encore le cœur de la Ville. La masse des autos s’étalait et coulait avec la liquidité de l’eau, entre les murailles multicolores de la publicité lumineuse, qu’on allume aujourd’hui avant qu’il ne fasse nuit, de telle sorte que le jour finisse en lueur d’émeraude. Le Goff ferma les volets.

Fleuriot pénétra dans la salle de bains — la seule pièce où il fasse toujours matin ; et pour la dernière fois, dans une odeur aromatique, l’eau servante coula tiède à l’usage d’un corps que nul soin. Mistral ne sauverait bientôt plus du sort impur de la matière.

Parce que tout Breton est, de nature, nécrophore, Le Goff avait des gestes précis pour rendre docile à ses volontés la lourde masse de ce corps inanimé. Fleuriot, arrêté par un sentiment de sacrilège, l’aidait mal.

Quand la funèbre parade fut achevée, Le Goff demanda :

— Je lui mettrai un crucifix dans les mains ?