Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/48

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tenait penché sur la dépouille du grand homme pour qu’il l’embrassât. Elle était vêtue d’une mauvaise fourrure, d’un chapeau excentrique, exhibait des cheveux teints et cette physionomie farouche, dure, inconsolable des femmes qui furent trop belles.

Le garçon semblait un jeune ouvrier avec un pardessus jeté sur ses habits de travail. Sa timidité et l’effroi qu’il avait des manques de réserve sans doute habituels à sa mère, se lisaient dans le soin qu’il apportait à ne regarder personne, et pas même ce grand corps gisant si solennel dont il avait baisé le front glacial. Alors la femme en fourrures s’abattit à genoux au chevet du lit et donna les signes d’une douleur incoercible.

— Qui est-ce ? demanda Mandrier à Fleuriot avec un coup d’œil insistant.

Et comme Fleuriot ne répondait rien, ils revinrent à l’employé des pompes funèbres, pour régler des obsèques de troisième classe. Le colloque achevé, Mandrier reconduisit le visiteur. La femme en fourrures et le jeune garçon au fuyant visage se retrouvèrent là, dans le vestibule, avec Le Goff qui leur parlait sec. Mandrier entendit la femme pathétique demander plaintivement :

— Mais le testament ? A-t-on ouvert le testament ?