Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/70

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avait été fendue de la hanche à l’épaule d’un coup de dard donné par un hallier sournois ; quand on avait hypothéqué la dernière ferme : que le boucher de Marvejols, à qui l’on devait trois mille francs, avait refusé la fourniture d’un gigot, et lorsque la fille de basse-cour vint servir à table.

Mais un jour s’ouvrit la porte incurvée de sa chambre ronde. Son père entra. Il avait la minceur d’un portrait de Vélasquez, et dépassait Olive de toute la tête. Le monocle tombé, son œil eut un éclair narquois qu’il réservait à son ennemi le Destin. Sa longue taille ondula un peu, par hésitation ; puis il se lissa la moustache, en rectifia le pli neigeux, et dit :

— Je viens de prendre une décision : il faut vendre Philosophe.

— Ah ! dit Olive, quelle plaisanterie ! Une bête qui ne trotte même plus.

— On m’en offre huit mille, et puisqu’il t’appartient, je viens te consulter.

— Un Charlemart n’a jamais vendu son cheval.

Le vieux duc cligna de l’œil. Son ironie ne faisait pas face à sa fille, mais au mauvais sort qui n’avait jamais non plus serré d’aussi près aucun ancêtre.

— Il vaut mieux, dit-il, vendre Philosophe que le château. Or, les Beaux-Arts m’ont fait des