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Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/74

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Olive, désœuvrée, n’eût eu garde de refuser une visite.

Entra dans la chambre en rotonde où l’eau gelait dans les cruches une jeune fille émerveillée qui levait un menton gracile pour apercevoir sous son petit chapeau la hauteur des plafonds. Elle portait une mallette noire à laquelle la nécessité de ses buts la ramena bientôt. Avant de s’asseoir comme Olive l’en priait, elle ouvrit cette malle et y plongea ses doigts d’où coulèrent aussitôt des ruisseaux de dentelles. Et en même temps, cette inconnue déclarait qu’elle voyageait pour une maison du Nord, que tous ces points différents étaient des échantillons et qu’elle venait prendre les commandes de mademoiselle de Charlemart.

Olive, renversant la tête en arrière, éclata de rire. Rentrant des marais, elle était encore en culotte de drap fauve avec un gilet de chasse tricoté.

— Ah ! mademoiselle, dit-elle, autant offrir vos fanfreluches à un maréchal de France. Pour lui comme pour moi, ce n’est plus la mode des dentelles.

Mais la déception de la jeune voyageuse de commerce la chagrina. Elle qui n’avait pas dans les poches de sa culotte cinquante francs pour acheter un mètre d’entre-deux, pouvait toujours