Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/76

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race dans Olive, avait pour cette fille directe de Charles Martel un respect galant qui l’empêchait de questionner dès qu’elle paraissait dissimuler ses intentions. Mais, ne s’étant dispersé dans aucune science ni obturé dans aucune étude concrète, il restait clairvoyant, et devina qu’Olive partait pour une expédition décisive.

Mademoiselle de Charlemart prit possession de sa bicyclette et, passé l’avenue de châtaigniers, se lança sur la route dont la lente chute s’achevait près de la rivière, héla le bac, tressaillit à voir fuir les canards sauvages au col plus long que la queue et qui paraissent voler en arrière. Elle traversa des marécages où elle dénombra les oiseaux à leur cri, des bourgades où sa roue épargna des canards domestiques, des rivières qui la sollicitaient pour la chasse au héron. Les bornes kilométriques fuyaient éperdument à son passage. Elle contourna des montagnes et en gravit d’autres. À la dernière, elle aperçut à l’horizon de longs cigares graciles qui fumaient parmi de noires brumes. C’était la cité industrielle des armes de Florac.

Le plus riche industriel de France, possesseur de ces usines, penchant sur son bureau un vaste front chargé de soucis, cherchait des mots croisés quand on le dérangea pour mettre sous ses yeux le papier où Olive, de sa haute écriture, avait