Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/80

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— Mademoiselle, je me sens commettre un sacrilège.

— Soyez-en absous, dit Olive. Au reste, fiez-vous-en aux Charlemart pour sauvegarder l’honneur héréditaire de leur nom.

Les sous-préfectures, les chefs-lieux de canton de l’Orne, de la Sarthe, de l’Eure-et-Loir, de la Mayenne connaissent tous le passage éclatant et fabuleux de cette grande jeune femme vêtue de cuir au volant de sa torpédo. Elle arrive enveloppée d’un nuage de poussière, freine brusquement sur la grande place, sur le boulevard Gambetta, enfin là où s’étalent, derrière la vitrine du coutelier, les nickels et les aciers des revolvers, et les canons de fusils, rangés comme des tuyaux d’orgue. Alors, elle bondit à terre, le genou droit comme Diane en marche, pose la main souverainement sur le bec-de-cane de la porte. Au fond de la boutique apparaît l’homme débonnaire qui détient les poudres, cartouches et engins meurtriers de toute la région.

La première déception passée pour lui, quand il a dû reconnaître dans cette visiteuse, au lieu de la cliente opulente, la représentante des manufac-