Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/81

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tures de Florac, subjugué malgré tout devant mademoiselle de Charlemart, il se flatte de vivre là quelques minutes précieuses. On envoie le commis querir la malle d’échantillons gisant au fond de la torpédo. Et, dès qu’Olive a retrouvé ses fusils, se déroule aux yeux de l’armurier ébloui le tableau vivant de cette jeune fille épaulant vers une proie hypothétique, basculant l’arme à la force du poignet comme on désarticule le jarret d’un chevreuil, mettant à nu le chien intérieur, l’éjecteur, les ressorts à boudin, tous les viscères luisants et gras du fusil dernier modèle. Puis c’est le cantique à l’outil merveilleux qui se charge, se décharge instantanément, qui, par une sorte d’intelligence métallique, bloque de soi-même ses chiens percuteurs. Parfois il s’agit des pistolets de tir, des revolvers de poche, des carabines de dames. Olive s’assoit : elle rassemble les armes de petit calibre sur ses genoux et les caresse comme des animaux familiers.

Elle n’accomplit pas ce trafic défendu aux nobles : elle ne fait pas commerce. Une fois prononcé son éloge des armes, elle les remporte, pièces de son musée ambulant, au fond de sa voiture, et elle disparaît dans son nuage.

Jamais, cependant, que ce soit à Nogent-le-Rotrou ou à la Flèche, à Laigle ou à Château-Gon-