Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/90

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ronne en taffetas bleu qui lui faisaient compliment sur son costume de chasseresse. Elle s’abandonna à la douceur de leur piété et de leurs louanges, à l’empressement du jeune Bocquillon, à la chère variée et inattendue du repas, au plaisir de flatter et de monter Arly, le pur sang qu’on lui amena tout sellé. Monsieur remarqua avec finesse que la robe du cheval était du même brun que la culotte d’Olive. Impatient, Jacques avait déjà enfourché la mère blanche et encore fine de ce beau cheval. Les chiens jappaient pour l’invitation au départ. Ils disparurent au trot sous la futaie.

Olive s’occupait à vaincre sa langueur heureuse. Manque d’habitude, elle se méfiait de ces journées trop faciles où l’on se meut sans effort. Ils allaient en silence, sous les sapins, retenant la bride.

Une buse décolla d’une cime avec un cri horrible. Olive, la bride au poignet, saisit son arme, tira au vol comme elle en avait coutume. Mais la buse ne tomba point, il n’y eut qu’une nuée d’oiseaux qui s’envole avec des pépiements de terreur. Olive, mortifiée, sentit toute sa joie s’étendre.

— Vous m’avez porté malheur, dit-elle à son compagnon.

Il se rapprocha d’elle.

— Non, ce n’est pas du malheur que je vous apporte. Toute ma vie sera consacrée à vous